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jeudi 19 octobre 2017

Ce nouveau "Maïdan-calme": la mise à mort de l'Etat ukrainien

Alors que l'on imagine avoir toucher le fond, l'on découvre que la bêtise et la haine n'ont aucune limite. Une nouvelle crise s'empare de l'Ukraine, où Kiev est à nouveau hanté par des manifestations violentes, des tentes ... et d'étranges revendications, totalement étrangères à la situation socio-économique du pays. Il semblerait que Saakachvili ne soit pas revenu en force pour rien. Le projet-Ukraine se radicalise encore: rien en doit rester de l'étaticité.


L'arrivée en caméras et en fanfare de Saakachvili, après avoir été privé de sa toute fraîche nationalité ukrainienne, donc en violation des frontières ukrainiennes (voir notre texte ici)  prend tout son sens aujourd'hui. Depuis mardi, il a pris la tête avec d'autres formations comme celle des bataillons de Samopomoch (Semen Sementchenko), Batkivchina (Yulia Timochenko), les extrémistes de Svoboda, etc. Secteur droit vient aussi de les rejoindre pour bloquer le Parlement. Menaçant d'aller jusqu'à la démission forcée de Porochenko.

Une trentaine de tentes refont leur apparition, une cuisine mobile est installée, ils bloquent une partie des sorties du Parlement. Les députés sont censés y rester tant qu'ils ne votent pas les lois attendues, c'est en tout cas ce qu'annonce Saakachvili, ce triste personnage lancé par ses curateurs comme une arme de destruction ciblée. 


Il faut dire que pendant ce temps, la réforme de la santé est discutée. On ne peut plus radicale, Poroshenko la freine depuis un certain temps, même lui comprenant que cela va trop loin. L'une des mesures est de rendre payant tous les accouchements. Vue la situation sociale du pays, c'est un crime contre sa propre population. A chaque Maïdan, la situation se radicalise de plus en plus, nous sommes loin de 2004 et de la recherche romantique de la démocratie, l'écharpe au vent jetée sur l'épaule. 

Chaque stade est rendu possible par le conditionnement gradué de la population, de l'émergence de forces de plus en plus radicales dans le paysage politique et par le renoncement aux derniers espoirs. 2004 voulait de véritables élections. Le système électoral fut détruit. 2014 voulait une Nation indépendante, le pays dépecé est passé sous contrôle de l'étranger. Alors pourquoi 2017?

Même à bout, l'Etat ukrainien garde encore quelques traces d'étaticité, donc il y a toujours un danger qu'il relève la tête. Regardez ce qui s'est passé en Kirghizie. Porochenko a pu, par exemple, expulser l'instrument Saakachvili, il n'adopte pas la mise à mort du système de santé sous l'impulsion d'une nouvelle ministre américaine, descendante d'un membre de l'UPA, qui privatise totalement le système de santé (financement à hauteur de 8 $ par médecin par patient par an) et a été surnommée "ministre de la mort". Bref, même à bout, Porochenko n'arrive à faire sauter l'Ukraine définitivement dans le vide. Au minimum, il reste le réflexe électoral.

Et dans ce contexte social particulièrement tendu apparaissent des "manifestants" qui demandent principalement l'adoption de trois réformes: 
  • la suppression de l'immunité parlementaire, 
  • l'instauration de tribunaux anti-corruptions 
  • et la supression du scrutin majoritaire.
Difficile de faire plus artificiel pour des "revendications populaires". Planter des tentes pour un mode de scrutin, c'est du jamais vu! Tous les symboles de l'Etat sont attaqués: quel pays ne peut défendre ses frontières (arrivée en force de Saakachvili)? quel Etat va mettre un terme à l'indépendance de ses députés, en supprimant a priori toute immunité? quel Etat va se mettre sous le contrôle de structures politico-judiciaires, les comités anti-corruptions n'étant plus suffisant? Il faut aller plus loin, toujours plus loin, idées destructrices portées par une foule qui n'en comprend pas les implications. Il ne faut pas laisser le temps de respirer et de risquer de reconstruire. Car à un moment donné, après toute révolution, doit se produire une contre-révolution qui conduit à la restauration de l'Etat. L'Ukraine est maintenue de force en situation de révolution permanente.

Aucun Etat ne peut se suicider de bon coeur, même s'il est défaillant. Il faut l'y aider, lui faire comprendre qu'il n'a pas le choix. Cela semble être le sens de ce "Tikho-Maïdan", comme il se dénomme lui-même, à savoir un "Maïdan calme". 



Mais la situation peut à chaque instant dégénérer, déjà le pouvoir a promis de ne pas démonter les tentes, les policiers sont essentiellement sur la défensive face aux provocations de la foule. Tout se répète. Pour le pire. Si le Parlement adopte ces réformes, l'Etat ne pourra pas s'en relever et se reconstruire. C'est toute la population qui sera prise en otage permanent.




Ce qui se passe aujourd'hui n'est que la suite logique de ce qui a commencé en 2004, lorsque sous l'impulsion de l'OSCE un troisième tour inconstitutionnel a été organisé, permettant d'obtenir "les bons" résultats. Une fois que les règles ne sont plus obligatoires, seuls les résultats comptent. Et la rue, manipulable et manipulée, remplace les institutions étatiques, dans la plus totale confusion de la démocratie et du chaos.

Les ukrainiens qui étaient sortis pour lutter contre la corruption ont mis en place un système encore plus corrompus. Ceux qui voulaient l'indépendance politique de l'Ukraine l'ont vendue aux colporteurs de la mondialisation. La trahison est totale et ceux qui sont aujourd'hui dans la rue continuent l'oeuvre - jusqu'au bout. De plus en plus barbarisés. Sans même comprendre ce qu'ils font. Pour arriver à cela, il a fallu une population traumatisée, une génération lobotomisée et une majorité sociale en situation de grande précarité. Que cela nous serve de leçon, ce qui se passe en Ukraine peut arriver ailleurs.



4 commentaires:

  1. N'y a-t-il personne en Ukraine capable de mobiliser une partie de la population et de s'opposer à ce cinglé de Saakachvili et aux néonazis qui le soutiennent? La solution ne peut venir que des ukrainiens, s'ils ne font rien pour se défendre contre ce qui arrive, ils n'auront plus d'autre choix que de foutre le camp. Mais combien de temps leur faudra t-il pour secouer cette inertie mortifère, dire non au chaos, non au fascisme, ils n'en ont pas marre d'être manipulés comme des idiots, par des étrangers par dessus le marché, se rendent-ils compte seulement qu'il serra bientôt trop tard?

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    1. Et que pensez-vous de toute l'élite corrompue? Faut-il vraiment garder ce système à bout de souffle?

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    2. Tout à fait d'accord avec votre commentaire ! Bizarrement la presse française se tait

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  2. J’ai malgré tout beaucoup de compassion pour les Ukrainiens. Je ne peux pas m’empêcher de faire un parallèle avec la Pologne du général Kasptrzychi (1939) voire même avec la Catalogne du parti ouvrier d’unification marxiste en 1936. L’histoire se répète ; des zones autonomes tombent sous le diktat des cosmopolites, l’Europe pour la Pologne, l’Union soviétique pour la Catalogne et de nouveau l’Europe pour l’Ukraine avec en coulisse des types de l’ombre de la trempe du sinistre Soros, qui tirent les ficelles. La Pologne fut utilisée pour déclencher la Deuxième Guerre mondiale, la Catalogne pour neutraliser toutes aspirations démocratiques sous prétexte de combattre Franco, et l’Ukraine, c’est à venir, comme détonateur d’une guerre contre la Russie. Ces trois exemples avaient la particularité d’une histoire commune avec leur nouvel ennemi désigné. La Catalogne et la Pologne furent broyées. L’Ukraine semble s’y précipiter tête première. Je ne sais pas qui est Saakachvili, mais ce qui est certain c’est qu’il contribue à la destruction de la société ukrainienne. Tout cela mènera à un point de rupture, une fuite en avant dont la Russie sera le coupable. À ce moment-là le pire est à craindre. Je souhaite que le président Poutine sera toujours à son poste et aussi habile à esquiver avec brio les attaques en les tournant à son avantage.

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