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vendredi 25 octobre 2013

Reprise du conflict annuel sur l'idéologie du budget: entre libéralisme et social

Voir: http://izvestia.ru/news/559478

Chaque année, la discussion autour du budget relance les mêmes questions: le Fond de stabilisation est-il nécessaire? Comment estimer le prix du barile de pétrole, dont dépendent largment les ressources publiques? Quels secteurs financer sur quels secteurs économiser? De ces questions va dépendre la politique réelle mise en place par le Gouvernement.
 
Le budget proposé par Edinaya Rossiya, qui est actuellement à l'étude au Parlement, est loin de faire l'unanimité. Selon la fraction Spravedlivaya Rossiya, il ne permettrait pas de réaliser les grands axes de la politique présidentielle, tant en matière sociale, qu'en matière de relance de l'économie.
 
En effet, dans les grandes lignes, ce budget revoie à la baisse le prix du barile de pétrole, qu'il fixe à 101$, ce qui entraîne une perte pour le budget et oblige à déterminer des priorités. Dans l'ensemble, les dépenses budgétaires vont augmenter de 4,3%, par rapport au budget adopté l'année dernière. Ces augmentations vont concerner la défense (+ 18,7%), la culture physique et le sport (+26%), le paiement de la dette publique (+10%). Pour autant, le financement de la politique sociale est sérieusement revu à la baisse: santé (-8,6%), éducation (-12,9%), entretient des lieux d'habitation (-23,8%), politique sociale (-8,5%). Toutefois, afin de préserver le calme dans la population, les salaires et les retraites seront soutenus: 5% pour les médecins, 8-10% pour les enseignants, 5-10% pour les autres fonctionnaires, 8% pour les pensions. Cela permettra de compenser l'augmentation du coût de la vie et notamment des tarifs régulés: + 4,2% pour les tarifs des chemins de fer, 7,14% pour le chauffage, 8,1% pour l'électricité et 10,2% pour le gaz.
 
De cette manière, le budget prévoit des rentrées pour un montant de 13,57 trillions de roubles et des dépenses à hauteur de 13,96 trillions de roubles. Le déficit de 390 milliards de roubles peut être couvert par le Gouvernement à l'aide d'un emprunt et de privatisations. Le Fond de stabilisation, qui s'élève aujourd'hui à 2,807 trillions de roubles, recevra 344 milliards de roubles pour atteindre 3,191 trilliards de roubles. Le déficit public atteint alors 13,2% du PIB.
 
Spravedlivaya Rossiya estime que ce budget ne permettra pas d'atteindre les 3% de croissance attendus pour 2014, mais au plus 1-1,15%, car il ne permet pas de relancer l'économie, étouffe le social et bloque une partie des recettes dans le Fond de stabilisation. Pour leur part, ils proposent plusieurs mesures dans leur projet alternatif de budget. Si le prix du barile de pétrole est estimé à 110$, car en fait tout se base pour eux aussi sur le prix du barile, dans ce cas l'Etat augmente ses recettes et le budget s'équilibre. Ils proposent également d'utiliser les fonds du Fond de stabilisation pour financer le social en général. Enfin, des mesures fiscales sont proposées, comme l'introduction de paliers d'imposition, d'un impôt spécial sur les biens immobiliers de luxe, et d'une période de non imposition pour les petites et moyennes entreprises. De cette manière, ils estiment pouvoir atteindre les 3% de croissance visés.
 
Le budget est bien l'acte qui dévoile la réelle tendance idéologique d'un régime. Ici, le virage libéral, dans le sens d'une réduction du social est visible, même si les salaires sont préservés pour garder la paix sociale. L'absence d'une politique fiscale de relance de l'économie, à juste titre soulignée par Spravedlivaya Rossiya risque d'être dommageable. La paix pourra-t-elle s'acheter si facilement? Les hésitations sont toujours perceptibles.

jeudi 24 octobre 2013

La politisation du contrôle sanitaire en Russie et le départ de G. Onishchenko

Voir: http://izvestia.ru/news/559351

La nouvelle qui occupe les milieux médiatiques et analytiques ces derniers jours est le départ du Médecin général de Russie, Gennady Onishchenko de la direction de l'Agence de surveillance sanitaire.
 
Il est vrai que la figure de G. Onishchenko est digne des guignols de l'infos, sa marionnette ferait fureur. C'est lui qui annonçait, au moment où les manofestations battaient leur plein et étaient pacifiques, qu'il était dangereux pour la santé des enfants d'y aller avec leurs parents en raison des risques de contagion virale, qui semble-t-il n'existait pas pour les autres manifestations ... C'est lui qui trouve des bactéries, risques infectieux et autres dans les produits importés .. en fonction de l'état des relations politiques avec la Géorgie, l'Ukraine, maintenant la Hollande.
 
Il a à ce point réussi à décrédibiliser le contrôle sanitaire que toute tension politique semble entraîner de soi une crise sanitaire. Le problème des tulipes en est le dernier exemple.
 
Cette manie de la politisation du contrôle sanitaire, qui est utilisé comme une arme économique en cas de crise politique avec un pays tiers a réduit la néant la crédibilité d'un contrôle, pourtant très important pour la sécurité, notamment alimentaire, de la société. Parallèlement, par ce biais, l'Etat russe a développé une communication qui le ridiculisait dans la population, ce qui n'est pas forcément le meilleur moyen pour les structures étatiques de remplir leurs fonctions.
 
Alors que deviendra cette étrange Agence après le départ du mythique G. Onishchenko? Tout d'abord elle est fortement destabilisée et son poids va baisser. Mais le Médecin chef de la Russie gardant justement son poste de Médecin chef et devenant conseiller du Premier ministre, il est possible que les fonctions soient redistribuées.
 
Il y a déjà deux ans de cela, en décembre 2011, D. Kozak avait proposé la dissolution de l'Agence. L'affaire en était restée là, G. Onishchenko est une forte personnalité politique qui bénéficiait du soutien de V. Poutine, alors Premier ministre. Maintenant, un compromis semble avoir été trouvé et les fonctions pourraient être réparties entre les ministères compétents (agriculture, santé ...).
 
Peut-être la dissolution de l'Agence de surveillance sanitaire permettrait, paradoxalement, de restaurer un réel contrôle sanitaire en Russie qui bénéficierait de la confiance de la population, ce qui ne sera pas un luxe.

mardi 22 octobre 2013

Prokhorov tenterait un rapprochement vers Khodorkovsky

Voir: http://www.vedomosti.ru/politics/news/17756621/prohorov-gotov-k-uhodu
http://izvestia.ru/news/559237

Grajdanskaya Platforma, le parti de M. Prokhorov est en perte de vitesse, de soutien et d'attrait. Comment renverser la tendance, son équipe a peut-être trouvé la solution: proposer à M. Khodorkovsky, à sa sortie de prison en août prochain, de participer à l'activité du parti.
 
Lors de la troisième assemblée du parti, une politique assez radicale de rotation des cadres a été envisagée. Ainsi, les organes de direction, centraux et régionaux, devraient entièrement se renouveler tous les 1,5 ans en moyenne. ce qui concernerait aussi la direction du parti, donc M. Prokhorov. L'idée est de montrer que le parti n'est pas un instrument au service d'un homme, mais d'un groupe politique actif.
 
Dans le même temps, un certain nombre de membres ont été exclu pour n'avoir pas suivi les consignes du parti ou pour n'avoir pas exécuter leurs obligations dans les temps impartis, et ceci indépendemment de leur victoire ou non aux dernières élections locales. Ainsi, le cas assez amusant de Elena Mikhaïlova, qui s'est faite élire à Novgorod, alors que le parti lui avait demandé de ne pas participer aux élections. Elle a perdu sa carte. Réaction d'autant plus absurde, que Prokhorov annonce vouloir préparer 200 à 300 candidats au nom du parti pour les prochaines élections locales...
 
La politique de Prokhorov est de moins en moins comprise par le public qu'il vise, les activistes voulant faire de la politique. Pour cela, le parti devient de moins en moins attractif et les analystes se demandent où il va réussir à trouver tous membres pour assurer la rotation envisagée.
 
Afin de renverser la vapeur, des membres dirigeants de Grajdanskaya Platforma envisagent sérieusement de proposer à M. Khodorkovsky de collaborer. La position de Prokhorov est à ce jour inconnue. Quoi qu'il en soit, cela reste une opération de communication qui aura peu d'effets concrets à court terme pour relancer le parti.

Regards croisés Russie-UE, Chronique d'actualités de Caroline Voos

Russie Politics vous propose une nouvelle chronique, Regards croisés Russie-UE. Caroline Voos présentera pour vous des articles de presse sur des sujets brûlants d'actualités ayant des approches différentes. Aujourd'hui, la question des relations entre l'Ukraine et l'UE.
 
Au delà de l'affaire Ioulia Timochenko,"Regards Croisés Russie-UE" sur le processus d'intégration de l'Ukraine à l'UE, illustrés par deux articles se faisant l'écho des points de vue russe et européen (ci-joint,deux liens l'un issu de la presse russe,l'autre de la presse lituanienne) :

Dans la Voix de la Russie, Ilia Kharlamov souligne à juste titre que l'intégration européenne servira d'avantage les intérêts des oligarques au pouvoir que ceux du peuple ukrainien et que les performances économiques de l'Ukraine risquent de se détériorer.
http://french.ruvr.ru/2013_10_17/Kiev-a-tort-de-vouloir-adherer-a-l-UE-0333/
...
Dans le journal lituanien Veidas, Laurynas Kasciunas met l'accent sur le protectionnisme russe au sein même de l'Union douanière (Russie, Biélorussie, Kazakhstan) et sur le fiasco de l'accord de Karkhiv en 2010 sur la réduction du prix du gaz.
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/4207341-pourquoi-l-ukraine-fait-le-choix-de-l-europe

Quelle que soit la décision qui interviendra à Vilnius fin novembre, celle-ci devra être respectée par tous.
La Russie, en tant que nouveau membre de l'OMC, ne pourra indéfiniment faire pression sur les pays du Partenariat oriental pour influencer leur choix et devra s'atteler à maintenir la proximité historique, culturelle et religieuse privilégiée qu'elle entretient avec l'ensemble de ces pays(Ukraine,Biélorussie,Moldavie,Géorgie,Arménie,Azerbaïdjan).

lundi 21 octobre 2013

Le Conseil de la Fédération veut un contrôle des mouvements d'extrême droite russes

Voir: http://izvestia.ru/news/559175

Le sénateur Konstantin Dobrinine s'est officiellement adressé au ministère de l'intérieur pour demander une enquête spéciale sur le meurtre de deux immigrants venus d'Asie centrale (Ouzbekistan et Azerbaïdjan) après le pogrom résultant du meurtre de Egor Scherbakov.
 
Parallèlement au pogrom ayant fait suite au meurtre de Egor Scherbakov, lors duquel les forces de police ont arrêté environ 400 personnes, les corps de deux immigrants ont été retouvés, lacérés au couteau. Selon le sénateur K. Dobrinine, de tels actes peuvent se répéter, car la mouvance d'extrême droite devient de plus en plus forte chez les jeunes.
 
Comme le souligne à juste titre le sénateur, la protection doit être identique pour tous les individus vivant sur le sol russe. Les forces de l'ordre ont démontré une réaction rapide,  forte et efficace pour arrêter l'assassin de E. Scherbakov, et si la médiatisation avait moins été poussée cela aurait été encore mieux, mais maintenant l'Etat doit démontrer la même volonté d'arrêter les assassins de migrants.
 
Les réactions provoquées par la requête étaient prévisibles. Les grandes associations nationalistes réfutent leur implication dans les meurtres, ils affirment agir sur la politique intérieure russe et ne pas exister pour tuer les gens. Selon elles, ce doit être le fait de groupuscules marginaux, ou même ce peut ne pas être du tout un meurtre raciste. Selon les associations de migrants, de toute manière la police sympathise avec les mouvements d'extrême droite, ils ont peur maintenant de sortir dans la rue et rien de bon n'est à attendre de ce qui se passe. Quant aux forces de l'ordre, ils affirment évidemment renforcer le contrôle de ces groupuscules car leur priorité est la protection de l'ordre public.
 
Bref un discours convenu. Chacun tient son rôle. Nous verrons avec quelle rapidité et médiatisation les assassins de migrants seront arrêtés. C'est aussi cela l'Etat de droit, la justice pour tous.