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lundi 14 janvier 2013

Manifestation en soutien à l'adoption par les familles américaines

Voir: http://www.gazeta.ru/politics/2013/01/12_a_4920953.shtml
http://www.stoletie.ru/na_pervuiu_polosu/oppozicija_protiv_zakona_dimy_jakovleva_156.htm

Hier a eu lieu la rentrée médiatique de l'opposition de rue. Suite à l'adoption de la loi mettant un terme à l'adoption par les familles américaines d'orphelins russes, la société se divise et une partie sort dans la rue. Les chiffres sont on ne peut plus imprécis. Autour de 9500 personnes selon différentes sources, 7000 selon les forces de l'ordre et jusqu'à 80 000 jusqu'à certains organisateurs.
 
Les organisateurs distribuent des pancartes avec le portrait de députés et sénateurs qui ont voté cette loi honteuse, d'autres avec le portrait de V. Poutine. Les grands vétérans du mouvement sont en place, S. Udaltsov, Kassianov, Iachine etc. Les manifestants manifestent - dans le froid qu'il fait ici, on peut reconnaître leur courage! Certains ont appelé cette manifestation une marche pour les enfants, d'autres en appelaient à l'inhumanité d'un tel texte de loi qui prive des enfants malades de la possibilité d'aller se faire soiger aux Etats Unis. Pour Udaltsov, la loi est illégitime car et la Douma et le Président sont illégitimes, il faut de nouvelles élections. C'est sur ce fondement que quelques portraits de députés et du Président ont été brûlés en fin de parcours.
 
Pourtant l'adoption par des étrangers n'est pas pratiquée dans des pays comme la France ou encore aux Etats Unis. Si l'on prend, par exemple, le cas de l'Ukraine, la question ressort régulièrement. De son indépendance jusqu'en 2009, 20546 enfants ont été adoptés par des familles étrangères, surtout en provenance de France, Italie, Espagne et USA. Mais, très rapidement des problèmes se sont posés en matière de traffic d'enfants, ce qui a attiré l'attention de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Des enfants disparaissaient juste après l'accouchement, des intermédaires aidaient des familles étrangères pour une rémunération allant de 30 000 à 50 000 dollars, des enfants étaient envoyés pour des soins aux Etats Unis et tous ne revenaient pas ... En 2009 le Conseil de l'Europe parle de traffic d'êtres humains. Déjà en 1994 et en 2005 la procédure d'adoption par des familles étrangères avait été suspendue: les autorités ukrainiennes n'avaient aucune idée de l'endroit où se trouvaient les enfants adoptés. Et ils reconnaissent officiellement n'avoir ces informations que pour les enfants adoptés après 2006 ... (pour plus de détails voir http://www.memoid.ru/node/Usynovlenie_detej_inostrancami_na_postsovetskoj_Ukraine). Aujourd'hui, l'Ukraine a mis en place une législation qui favorise l'adoption nationale, sans totalement interdire l'adoption internationale, pourtant très encadrée. En conséquence de quoi, si environ 2000 enfants sont adoptés par des familles ukrainiennes, seulement 700 le sont par des familles étrangères en 2012. (voir http://www.golos-ameriki.ru/content/ukraine-adoption-law-change/1576210.html). Et le parti Svaboda, rappelant que l'adoption par des familles étrangères n'est plus un besoin pour les enfants ukrainiens, envisage la possibilité d'une modification de la législation dans le sens de l'interdiction.
 
Si l'on entend protéger les enfants, si l'on entend lutter contre la corruption, s'il est nécessaire d'éradiquer le traffic d'êtres humains, la fin de l'adoption internationale et le renforcement des mécanismes d'aoption nationale, quand les Etats sont en mesure d'assurer l'avenir de leurs enfants, est plutôt un bon signe pour le développement du pays concerné. Pour cette raison, la Douma ne peut s'arrêter à mi-chemin. Dans sa logique, soit l'adoption internationale est illégale en soi - mais pour tous les pays, soit elle est légale et doit être strictement encadrée pour laisser une place à la préférence nationale. Pourtant les réactions épidermiques de certains membres du parti Edinaya Rossiya, affirmant qu'il faut se souvenir de ces manifestants qui trahissent leur pays ne fait que maintenir le débat dans les tréfonds de l'émotionnel. Ces manifestants représentent un courant de pensée et il faut faire avec. Aucune société ne peut être monolythique et fonctionner longtemps. Ils permettent de faire réfléchir sur plusieurs problèmes, comme l'amélioration du système d'adoption actuel, des conditions de vie dans les orphelinats, de la place qu'il faut laisser à l'international.
 
Il s'agit d'un réel débat de société. D'un problème qui ne peut être résolu qu'aux dépends de ces mêmes enfants que l'on veut protéger si le débat continue à être irrationnel de part et d'autre.

3 commentaires:

  1. On peut remarquer que le chancelier allemand Shroeder a adopté deux enfants en Russie, la deuxième fois en contournant allègrement la procédure légale grâce à l'intervention efficace de son ami Poutine. On peut se demander si Poutine ne considère pas les orphelins russes comme sa propriété privée, qu'il peut décider d'offrir, selon son bon plaisir, à telle ou telle personnalité - ou pays - dont le comportement lui convient.
    Est-ce la souveraineté d'une grande nation ou le caprice d'un despote qui est en jeu?
    C'est aussi intéressant de comparer avec les protestations en France aujourd'hui, en France on a un projet de loi qui était inscrit noir-sur-blanc dans un programme électoral, en Russie une loi concoctée et adoptée en 2-3 semaines, et qui va complètement à l'encontre de tout le travail du ministère des Affaires Etarngères russes mené jusqu'à présent.
    Dernière remarque : l'accord établi il y a juste quelques mois entre les USA et la Russie prévoyait un renforcement de la surveillance et de la protection des enfants après leur adoption aux USA. Maintenant que cet accord n'est plus valables, la Russie renonce à tout droit de regard sur le destin des enfants déjà adoptés, et ils sont plusieurs milliers. Personnellement je ne suis pas trop inquiète pour ces enfants, mais si les députés étaient vraiment préoccupés par leur sort, ils ne les auraient pas abandonnés complètement?
    ... et merci de ne pas censurer mes messages, surtout si vous souhaitez les reprendre ensuite en citation...

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    1. Marie, merci pour votre commentaire. Je ne censure pas vos commentaires, je n'en ai pas publié un car je ne publie pas les attaques personnelles, ce qui reste mon droit. D'autant plus que cela ne fait pas avancer le débat.
      Par ailleurs je ne reprend pas ce que vous dites dans vos commentaires, mais ai réagi à un autre commentaire, en substance prévenant également de l'erreur au niveau des statistiques faite par le journal belge, commentaire que j'ai publié, car il n'était pas insultant.
      Donc tant que le style reste correct, il n'y a pas ici de censure sur le fond. Et je vous rappelle que si la censure vous dérange ici, vous pouvez déposer tous les commentaires que vous voulez sur le site Facebook du blog.
      Cordialement,
      Karine

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  2. Bien, alors je continue.

    La fin de l'adoption internationale est une bonne chose QUAND les Etats sont en mesure d'assurer l'avenir de leurs enfants. Est-ce vraiment le cas en Russie? certes selon certains critères le pays est sorti de la crise extrême qu'il a connu dans les années 90, mais prenons par exemple le cas des personnes en fauteuil roulant. En Russie, et même à Moscou, il n'y a quasiment aucun aménagement leur permettant de se déplacer de façon autonome, même chose dans les écoles et les universités. Ces aménagements commencent tout juste à apparaître à Moscou, mais de façon ponctuelle et sans continuité entre eux, ce qui les rend à ce stade encore presque inutiles. Demandez, par exemple, à Irina Yassina si vous la connaissez...
    Aussi il est beaucoup plus difficile pour une famille d'élever un enfant handicapé en Russie qu'en France ou aux USA. Conséquence directe - les familles russes, à moins d'être particulièrement héroïques, refusent d'adopter les orphelins handicapés, voire abandonnent leur propres nouveaux-nés, parce qu'elles ne se sentent pas de force à traîner ce fardeau. N'est-ce pas quelque peu monstrueux de refuser à ces enfants la possibilité d'être adoptés dans un pays ou ils auront accès à une qualité de vie bien meilleure? Franchement je ne vois pas de considération géopolitique qui permette en conscience de justifier cette décision, à l'heure actuelle. La sortie du système de l'adoption internationale est un objectif de longue durée à atteindre, pas une décision à prendre sur un coup de mauvaise humeur.
    Il y a de très nombreux témoignages de personnes en fauteuil d'origine russe ayant émigré aux Etats-Unis soit d'eux mêmes, soit suite à une adoption, et je vous assure qu'ils mettent les larmes aux yeux.

    Encore une chose. Vous semblez justifier cette loi en arguant de la corruption qui règne dans le milieu de l'adoption. Je ne le mets pas en doute, j'y ai été moi-même confrontée. Cependant cette corruption n'est pas le fait des ressortissants étrangers, mais bien des intermédiaires, et surtout des fonctionnaires russes et ukrainiens, qui voient dans les étrangers des pigeons facile à plumer. En interdisant purement et simplement l'adoption à l'étranger, la Russie montre en réalité qu'elle est incapable de lutter contre la corruption de façon efficace et d'assainir ce milieu. C'est, littéralement, jeter le bébé avec l'eau du bain. Mais croyez-vous vraiment que les fonctionnaires privés de la manne étrangère vont tout d'un coup devenir parfaitement vertueux et renoncer à leurs pratiques d'extorsion de fonds? Ne pensez-vous pas plutôt qu'ils vont les poursuivre en interne, réservant les plus "beaux" enfants aux familles les plus riches, russes certes, mais tout aussi capables de payer des pots-de-vin? Le trafic d'enfant cesse-t-il d'être du trafic d'enfant s'il est limité aux frontières de la Russie?

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