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vendredi 6 janvier 2012

Koudrine, Navalny et autres ... les gens désespèrent!

Alors que la manifestation officielle de l'opposition "non systémique" officielle est officiellement prévue pour le 4 février, une fois que tout ce petit monde aura pu rentrer de vacances, ce matin surgit dans les agences de presse un appel à manifester le 8 janvier. D'où cela vient-il et pourquoi?

Pendant que Poutine appelle - sans se presser - au dialogue.

Que le projet de loi sur la simplification du processus d'enregistrement des partis politiques fait des tours et des détours dans les couloirs de la Douma.

Alors que Koudrine ouvre son blog aux Echos de Moscou (voir ici cette oeuvre d'art politique), entrant dans la blogosphère pour valoriser/expliquer son tout nouveau rôle d'intermédiaire entre le pouvoir et l'opposition. Mais pour qui?

Et que les médias mettent en place l'opération Navalny "le penseur politique" avec une série d'interview, très sérieux, édifiants de platitude (voir ici). Il faut quand même le rendre fréquentable après ses dérapages ultra-nationalistes largement médiatisés et utilisés par le pouvoir, dans le sens: ce n'est pas une alternative à Poutine, regardez!

Un groupe de citoyens lance un appel qui ressemble à un cri de désespoir: "Dostali!" (Ras le bol!). Dans leur appel à manifester le 8 janvier, ils mettent sur le même plan et le pouvoir poutinien et cette opposition glamour non systémique, qui dans tous les cas ne pensent qu'à leur intérêt personnel. Ils mettent sur le même plan Koudrine, Navalny, Sobtchak et toute la tribue de la parade du 24 décembre, avec leur entrée VIP, les petits fours et leur manque d'idées pour l'avenir. Ils ne voient pas en eux une alternative ... et comment ne pas les comprendre!

C'est un appel à la troisième voie. A cette voie de changement et de développement dans la logique européenne, "civilisée" comme l'on dirait ici, qui n'a rien à voir avec les éructions révolutionnaires dans les pays arabes, qui veut construire au-delà des rues un pays libre et pas seulement casser. Leurs revendications n'ont rien à voir avec le radotage de l'opposition non systémique officielle, leurs revendications sont simples et claires: régler les questions de logement, les questions des impôts locaux, les problèmes concrets que rencontre la société en l'absence d'un tissus économique réel, lutter contre les problèmes de paupérisation de la société dans un pays riche, contre les problèmes d'alcoolisme et de drogue, etc. Sur cette base, ils demandent une normalisation de la vie politique et la réalisation des réformes promises en ce sens, pour permettre l'émergence de candidats qui représentent réellement les individus et non simplement le système lui-même.

Mais qui sont-ils? L'appel est lancé par le parti non enregistré "Volia" (voir leur site ici), qui peut se traduire par "liberté" ou "libre", qui avait avancé la candidature - totalement inconnue - de Svetlana Peounova, candidature qui a avorté faute de pouvoir - bien évidemment - réunir les 2 millions de signatures nécessaires.

Mais dans ce système déformé, "parti non enregistré" est déjà un statut. Un statut qui a un poids dans la guerre de communication, qui se joue entre les deux cycles électoraux. Une guerre qui peut se gagner dans les médias, même si leur appel est peu repris. Beaucoup dans la blogosphère et un peu sur certains sites d'informations qui ne savent pas très bien encore comment la traiter (voir par exemple ici et ici).

Dans deux jours, la situation sera plus claire. Le mouvement est-il marginal ou est-il capable de saisir le mécontentement populaire qui ne se reconnaît pas dans la récupération bobo qui en a été faite? En tout cas, le paysage contestataire se complexifie de jour en jour, et pour le pouvoir qui ne peut trouver un interlocuteur à calmer, et pour les marathoniens de l'opposition qui sont totalement dépassés.

A suivre....


jeudi 5 janvier 2012

Prokhorov se lance dans la campagne ... sans surprises

Михаил Прохоров сравнил себя с Владимиром Путиным
Бизнесмен опубликовал свою предвыборную программу кандидата в президенты России


Le premier, M. Prokhorov a rendu public son programme politique. Programme sans surprise, puisqu'il reprend les mêmes idées que celles qu'il avait développé lors de sa furtive apparition à la tête du parti Pravoe delo.

Le signal intéressant est l'utilisation qu'il fait de l'image de Poutine, se mettant en parallèle avec lui. Pour l'utiliser de manière aussi directe, soit il a eu l'accord de l'intéressé et son indépendance n'est même plus sujet à caution, soit son équipe de campagne est d'une incompétence flagrante - ce qui n'est pas non plus à exclure.

Quant à son équipe de campagne, et au glamour qui règne autour de la campagne de Prokhorov, la personnalité de son directeur de campagne est révélatrice. Il s'agit en effet de Anton Krassovsky, journaliste sur NTV, un des producteurs de l'émission NTVchniki (émission de populisme politique) et du Ring musical de NTV. Bref, de grands programmes politiques ...

Les experts analysent ce choix unanimement. En général, un directeur de campagne est soit une personnalité reconnue dans les milieux politiques, qui donne alors une certaine "caution" au candidat, soit un professionnel des technologies politiques. Or, A. Krassovsky n'est ni l'un ni l'autre.

On se rappellera que Prokhorov, lors de son passage à Pravoe Delo, avait proposé à A. Pugatchova (égérie de la pop soviétique) de diriger la campagne du parti, chose qu'elle avait sagement et fermement refusée. C'est comme si Sarkozy avait demandé à Mireille Mathieu de diriger sa campagne ... Que dire de ce candidat? Une marionnette de plus? Mais avec le goût du pouvoir. Totalement décalé des revendications actuelles. Dans tous les cas, il n'est pas une alternative. Et ses efforts pour se poser artificiellement à l'égal de V. Poutine n'est qu'une opération de communication.

mercredi 4 janvier 2012

L'enjeu "Medvedev": logique politique contre logique clanique

Voir: http://www.newsland.ru/news/detail/id/856901/

Pour les derniers voeux présidentiels de Medvedev, la mise en scène était parfaitement réglée. Le tournage devait se tenir la nuit du 28 au 29 décembre sur un des ponts de Moscou, avec une vue imprenable en arrière plan et s'adresser au peuple russe pour la fin d'année. Pour garantir la sécurité, les rues autours furent interdites à la circulation.

Mais à ce moment là, un bateau-mouche de luxe, le Radisson, passe sous le pont. Et, surprise, jaillissent de la bonne société bourgeoise moscovite, sifflements et slogans anti-gouvernementaux.

Panique dans les services de sécurité. L'on essaie sans succès de joindre le commandant du bateau. Alors, comme rien ne semble arrêter les passagers, l'on se prépare à dépêcher sur le bateau un groupe de combat. La navette est mis à l'eau ... mais le bateau quitte rapidement les lieux.

Cet incident pourrait faire sourire. Medvedev est de toute manière sortant, cela ne devrait donc pas avoir beaucoup d'influence sur la vie politique interne. Si ce n'est que Poutine l'a déjà annoncé comme Premier Ministre. Mais est-il dans l'intérêt de Poutine de mettre en place un Premier Ministre qui se fait siffler par son électorat naturel?

L'enjeu est simple: soit Poutine est réellement un "homme politique" et il fait son jeu, qui le pousse alors à délicatement se séparer de Medvedev, soit Poutine n'est pas un politique mais un "homme du clan" et il doit défendre le clan, gardant alors Medvedev mais avec la charge que cela lui impose. Logique politique - Medvedev est en échec donc il doit partir - contre logique clanique - Medvedev est en échec mais il faut faire avec.

mardi 3 janvier 2012

Koudrine s'impose comme intermédiaire entre Poutine et l'opposition

Кудрин проводит встречи с представителями оппозиции


L'ex-ministre des finances Koudrine a conduit les premières rencontres avec les représentants de l'opposition, afin de discuter la possibilité d'entrer en dialogue avec le pouvoir. Sur Twitter, il a précisé avoir rencontré les dirigeants du Parti de la liberté populaire V. Ryjkov et S. Parkhomenko, ainsi que le candidat du Parti Iabloko aux présidentielles, G. Iavlinsky.

Sur sa page sur Facebook, S. Parkhomenko a raconté plus en détail la teneur de cet entretien. Selon lui, Koudrine lui aurait affirmé avoir eu une discussion avec V. Poutine au cours de laquelle il aurait expliqué au Premier Ministre la nécessité de faire une déclaration claire sur sa disposition à entrer en discussion avec les contestataires. Poutine réfléchirait sur la manière et le moment de donner ce signal.

Selon Parkhmenko, le début de discussion avec le pouvoir ne peut être un prétexte pour interrompre le mouvement de protestation populaire qui évolue naturellement, selon la volonté même des manifestants.

Toutefois le Comité du mouvement "La table ronde du 12 décembre" est prêt à entrer en discussion avec le pouvoir à 3 conditions: la libération du coordinateur du mouvement Front de gauche S. Udaltsov, la garantie de l'indépendance de la justice et l'arrêt de la diversion menée sur internet par le pouvoir.

Selon Kassianov, Saratov et Alekseeva, la discussion doit alors porter sur l'établissement d'un programme commun de sortie de la Russie de la crise politique.

Intéressantes discussions en perspective! Juste une question: à quoi servent-elles?

Peu vraissemblablement au pouvoir qui n'a pas de réel interlocuteur en l'absence de leaders dans l'opposition qui aient une réelle représentativité populaire. A certains membres de l'opposition? Certainement plus, puisque cela leur donne une reconnaissance officielle par le pouvoir, faute de jouer sur la scène politique selon la loi. Pourquoi ne pas leur laisser passer l'épreuve des urnes?

Ces discussions ne servent à rien, sinon à faire une opération de communication. Pour Poutine qui se présente en grand libéral. Pour cette opposition qui a tant besoin de publicité. Pour Koudrine qui doit se repositionner.

Mais quel intérêt pour les gens?

lundi 2 janvier 2012

Comment faire de l'argent sur le dos de l'opposition? Nemtsov a la réponse

Voir: http://compromat.ru/page_31624.htm

Beaucoup se sont étonnés de la liste des orateurs à la manifestation du 24 décembre. Des gens du show biz, plutôt bien implantés se découvrant tout à coup une vocation contestataire entre deux coktails et spectacles.

Sur le site Compromat un début de réponse est apparu.

Par exemple, Ksénia Sobtchak. Sifflée par la foule, qui n'était pas venue chercher du glamour, mais de l'espoir pour l'avenir. Il est certes devenu du dernier chic d'apparaître dans les manifestations. De se montrer contestataire, puisque le vent tourne ... il faut bien s'adapter. Comme le disait Dutronc, à force retourner sa veste, il a fallu retourner son pantalon.

Donc Ksénia Sobtchak. Produit et présente ses programmes grand public, émissions, télé-réalité, sur les chaînes nationales. Egérie du glamour russe mauvais goût. Quelques tentatives l'année dernière dans l'intellectuel bien pensant ... sans grand résultat. Maman sénateur. Papa fut maire de Saint Petersbourg, un des fondateurs du constitutionnalisme russe actuel. Son fiancé, chef du département de la culture à Moscou, S. Kapkov, est le bras droit de Abramovitch, qu'il n'est pas nécessaire de présenter. Malgrè tous les efforts de maman, Ksénia Sobtchak n'a pu être présente dans les listes Edinaya Rossiya à une place honorable, lui garantissant le succès aux dernières élections, contre lesquelles elle manifeste aujourd'hui. Sa vocation remonte donc à loin. Mais ne perdant pas espoir, son ami a trouvé une solution. L'argent. La corruption marche dans tous les domaines et n'est pas l'apanage du pouvoir. Il a payé 30 000 dollars pour le discours de quelques minutes de sa fiancée lors de la manifestation. Que ne ferait-on par amour ! Ainsi elle a pu prendre la parole, apparaître là où il fallait, être photographiée avec Navalny - très à la mode aussi - et être sifflée, mais quelle importance? Elle était là. On parle d'elle.

Pourtant, Ksénia Sobtchak n'a pas été un cas unique et ces revenus supplémentaires n'entrent pas dans le "budget" officiellement affiché par l'autre nouvelle égérie du libéralisme version russe, on comprendra Olga Romanova. Il semblerait pourtant que tous les organisateurs n'étaient pas au courant de cette "double comptabilité".

Ainsi, S. Parkhomenko (journaliste), apprenant d'un membre du Comité directeur de Solidarnost, que Kasparov ayant donné de l'argent va exiger la parole, répond que cela est impossible, puisque les gens votent en ce moment même sur facebook pour choisir les orateurs! Maintenant l'on sait que Kasparov est intervenu ...

Mais certaines conversations téléphoniques avec le grand opposant B. Nemtsov sont interceptées, notamment avec A. Rykline (rédacteur en chef de Ejednevny Journal - opposition libérale - et main droite non officielle de B. Nemtsov). Ils précisent que quelques personnes, sans préciser les noms, sont prêtes à payer 30 000 pour intervenir. Plutôt bonne nouvelle! Nemtsov est aux anges! Les affaires tournent.

Si c'est cela l'alternative à V. Poutine, la question se pose de savoir ce qui est le pire?